Far from home - Feat Duncan

Il y avait maintenant une petite quinzaine de jours que Déa avait posé ses bagages sur Atlantis.

Et elle ne s'y faisait pas.

Les premiers jours, le tourbillon de son installation, la découverte de la cité, de ses habitants lui avait donné une étrange sensation d'irréalité, l'impression d'être en train de rêver. D'ailleurs, il lui arrivait souvent d'avoir l'impression qu'elle allait se réveiller d'un instant à l'autre dans sa chambre avec sa vue extraordinaire sur la petite baie de Collioure. Mais les jours passant cette impression s'était estompée, laissant place à un étrange sentiment de profonde nostalgie qu'elle n'avait jamais ressentit avant. Le mal du pays.

Évidemment, ce n'était pas la première fois qu'elle voyageait. Pour ses recherches, elle avait écumé presque tous les pays du monde, elle avait toujours eu la bougeotte, à peine rentrée d'un voyage, elle prévoyait déjà le suivant, ses bagages n'était jamais vraiment défaits. Elle vivait comme un oiseau sur la branche, toujours prête à s'envoler vers de nouveaux horizons. Sa mère avait pris l'habitude le l'appeler « mon hirondelle » en référence à cet oiseau migrateur toujours en mouvement.

Mais il fallait bien reconnaître qu'Atlantis n'était pas une destination comme les autres. Elle ne pouvait pas décider de sauter dans un avion pour aller faire une visite surprise à ses parents, elle ne pouvait pas décrocher son téléphone pour entendre une voix aimée. Même si elle avait déjà fait quelques rencontres sur la cité, pour l'instant, ce n'était que des collègues, de vagues connaissances avec qui elle pouvait se donner une impression de sociabilisation en parlant de la pluie ou du beau temps autour d'un café.

La cité était immense, il ne passait pas un jour sans qu'elle se perdre au milieu de son dédale de couloirs quand elle tentait de rejoindre ses quartiers. Et puis elle était frustrée. Une citée plantée au milieu d'un océan inconnu, et elle n'avait même pas pu mettre un orteil dans l'eau. Tout ce qu'elle pouvait faire était de contempler les vagues depuis les jetées, ou comme ce jour-là depuis la baie vitrée du Mess.

Assise seule à une table prés de la fenêtre, elle broyait du noir en laissant son regard errer sur le mouvement hypnotisant de l'océan quelques mètres plus bas, griffonnant distraitement le croquis d'un des paysages de son enfance sur le calepin qu'elle utilisait pour prendre des notes quand elle étudiait les dossiers des recherches qui avait été menée ici avant son arrivée.

Un mouvement à la table voisine attira son regard et la sorti de ses idées grises. Un homme venait de s'y installer. Elle n'avait pas souvenir de l'avoir déjà croisé, mais même si la communauté n'était pas très importante, elle avait croisé tellement de gens en si peu de temps, qu'elle avait du mal à se rappeler de tout le monde.

Lorsque leurs regards se croisèrent son cœur se serra. Ses yeux avait la même couleur que sa méditerranée bien-aimée. Un bleu soutenu. Elle le salua d'un sourire et d'un petit mouvement de tête avant de ramener son attention sur la crête des vagues.

Depuis très tôt ce matin, Duncan travaillait sans relâche sur les nouvelles découvertes qu'il avait faites par rapport à l'étude qu'il menait sur Gally. Jusqu'à maintenant, il avait emmagasiné beaucoup de résultats mais très peu menaient à de véritables réponses. Tout cela viendrait avec le temps, du moins il fallait l'espérer.

Mais après une matinée bien remplie et un début d'après-midi tout aussi intense, le Britannique décida de s'offrir quelques instants de repos, histoire de s'aérer la tête et penser à autre chose ou même à rien du tout. Le mess était le meilleur endroit pour cela. Généralement, en milieu d'après-midi, le lieu était assez calme et personne ne venait trop vous embêter. Et il avait raison. Seules quelques personnes étaient attablées aux quatre coins de la pièce.

Accompagné de son capuccino bien chaud, saupoudré de poudre de chocolat, il alla s'installer à une table, près des baies vitrées qui donnaient un magnifique panorama sur l'océan. Juste à côté, une autre scientifique avait eu la même idée en s'étant installé près des vitres, peut-être pour profiter elle aussi, de la vue ou tout simplement des rayons du soleil qui traversaient les carreaux. Cet endroit était le plus propice pour laisser ses pensées divaguées au rythme des vagues qui s'écrasaient sur les bords de la cité.

Mais alors que Duncan s'installait sur l'une de chaises autour de la table, son regard croisa celui de la jeune femme. Elle lui sourit et la salua d'un simple geste de la tête. En tout bon gentleman, il fit de même avant de poser son gobelet bouillant devant lui. Ne s'occupant pas de la personne à côté de lui, il laissa son regard se porter sur l'horizon. Les rayons du soleil se reflétaient sur l'océan malgré les quelques nuages qui encombraient le ciel bleu.

Cependant, alors qu'il détourna la tête pour prendre sa boisson, il ne put s'empêcher de jeter un rapide coup d'œil vers le carnet de notes que la jeune femme tenait devant elle. Il put apercevoir non pas des gribouillis illisibles de notes que tout bon scientifiques savaient faire mais plutôt un croquis de paysage, très loin de l'étendu d'eau qui se trouvaient devant eux.

"Votre croquis est superbe," se permit-il de lui lancer, sortant la scientifique de ses rêves.

Duncan était loin d'être un spécialiste en matière de dessin. Pour sa part, il en était encore au dessin des bonhomme en bâton et cela ne s'était améliorer depuis sa première année de maternelle. Il n'aurait jamais fait carrière dans le dessin ou la peinture. Heureusement que sa vocation l'avait emmené vers d'autres horizons.

"Oh excusez-moi si je vous ai fait peur, ce n'était pas mon intention. Je suis le Dr Duncan Morgan. Je suis dans le secteur biologie. Mais il me semble que je vous ai déjà vu rôder dans ce secteur, à moins que je vous confonde avec une autre personne. Je suis très loin d'être une personne physionomiste."

Il est vrai que le visage de la scientifique ne lui était pas inconnu. Mais il est vrai qu'avec autant de personnes vivantes sur la même cité, il était impossible de savoir reconnaître tout le monde, même si cette personne travaillait dans le même secteur que vous.

À peine son regard avait-il glissé sur l'homme à la table voisine, qu'elle l'avait déjà oublié, laissant ses yeux errer sur la masse d'eau qui scintillait sous le soleil. Elle se demandait ce qu'il pouvait y avoir dessous. Elle avait entendu parler de baleines encore plus grosses que celles qu'on trouvait sur terre, et potentiellement doué du pouvoir de télépathie. Certains de ses collègues lui avait raconté l'aventure vécu par le Dr McKay lors d'un accident de Jumper.

Même si elle s'était fait quelques connaissances ici, elle trouvait son adaptation un peu laborieuse, et frustrante. Elle n'avait pas encore eu l'occasion d'aller sur le continent visiter le village où étaient installés le peuple de Teyla. Elle vivait maintenant sur une cité-île posé au milieu de l'océan, et elle n'était jamais resté aussi longtemps sans plonger, même pour simplement nager, elle devait se contenter de la piscine. C'était mieux que rien, mais frustrant quand même.

Son crayon courait sur le papier, sans même qu'elle ne s'en préoccupe, faisant apparaître trait après trait le paysage de son enfance, les falaises de Cerbère, la petite crique abritant le sentier sous-marin où elle avait travaillé en tant que guide pendant son adolescence.

Une voix grave la fit légèrement sursauter, la sortant brutalement de ses pensées.

« Non non, ne vous excusez-pas, ce n'est rien. Je suis un peu dans la lune en ce moment. » Elle rit légèrement « Même si j'avoue qu'ici l'expression perd un peu de sa saveur. »

Elle baissa les yeux sur le croquis en souriant.

« Merci. Ce n'est qu'un petit gribouillage sans prétention, mais dessiner m'apaise. D'ailleurs, il faudra bientôt que je me trouve un nouveau carnet si je continue à ce rythme, il ne me reste que quelques pages. » expliqua-t-elle en hochant les épaules avant de concentrer son attention sur son interlocuteur.

Elle sourit intérieurement, à croire que pour travailler sur la cité, il fallait être séduisant. La plupart des hommes et des femmes qu'elle avait croisé depuis son arrivé étaient tous canon. Et lui ne faisait pas exception à la règle avec son regard d'un bleu profond, son visage régulier et sa chevelure de surfeur.

Elle rit quand il expliqua avoir l'impression de l'avoir déjà vu rôder dans le coin. Et elle réalisa qu'effectivement, elle aussi l'avait déjà croisé, mais il est sûr qu'avec la blouse et dans le cadre des labos du secteur médical, les gens semblaient toujours un peu différents.

« Enchantée Dr Morgan. Je suis le Dr Déa Sweet, et oui, il me semble bien que nous soyons déjà croisé, je suis biologiste moi aussi, mais spécialisé dans la faune et la flore aquatique. » répondit-elle.

Montrant d'un geste de la main le siège libre à sa table, elle ajouta :

« Voulez-vous joindre à moi ? »

Duncan avait eu raison, il avait bien déjà vu la jeune femme près de son laboratoire. Elle aussi était une biologiste, le meilleur métier du monde, mais pas dans la même spécialité. Le Britannique avait préféré rester dans l'être humain car il jugeait qu'il y avait déjà beaucoup de choses à apprendre sur lui avant d'attaquer les animaux. Après, chacun sa spécialité. Il n'était pas là pour juger. Dans Pégase, comme sur Terre, il y avait largement de quoi faire. La diversité était trop grande pour pouvoir tout analyser en une seule vie.

"Je savais bien que je vous avais déjà aperçu. Mais ça ne doit pas faire bien longtemps que vous devez être ici, même si j'avoue que je ne connais pas tout le monde non plus. Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai rencontré un de mes collègues qui travaille deux labos plus loin."

Oui, il avait honte de ne pas souvent sortir de son laboratoire quand il est en plein travail alors que pendant son temps libre, il n'était pas le dernier quand on l'invitait à aller boire un verre ou à aller faire la "fête" dans la cité. En y repensant, cela faisait bien longtemps qu'il n'était pas sorti s'amuser un peu. Ses grosses recherches autour de Gally lui prenait tout son temps et en oubliait presque parfois de rentrer dans les quartiers pour aller dormir. Il ne comptait plus le nombre de fois où il s'était réveillé avec les touches de son clavier décalqué sur son front.

Mais alors que le biologiste alla pour boire une gorgée de sa boisson, Déa l'invita poliment à prendre place à sa table, ce qui accepta volontiers. Il vint donc s'installer sur la chaise en face de sa consœur afin d’entamer la conversation. Après avoir passé les banalités d’usage, Duncan préféra continuer sur un sujet qui au moins, était commun aux deux personnes.

"Qu'est-ce qui vous a amené à étudier la biologie marine ? Personnellement, je n'y connais rien du tout et je préfère de loin notre bon vieux corps humain. Nous avons encore tellement de choses à apprendre sur nous même qu'on a le temps pour apprendre nos amis les poissons."

C'était repartit. Il ne pouvait pas s'empêcher de parler de travail dans un moment de détente. Ses recherches lui montaient vraiment à la tête, il n'y avait plus de doutes là dessus. Dommage qu'il ne puisse pas trop ebruiter ses recherches pour le moment car Gally ne serait pas vraiment de cette avis là, déjà qu'elle était bien gentille de vouloir se laisser « traiter » comme un sujet d'expérience. Mieux valait ne rien gâcher en ouvrant un peu trop sa bouche avec d'autres personnes même si cela le démangeait par moment.

Mais quand il réfléchit à ce qu'il venait de dire, le biologiste réalisa qu'il avait quelque peu insulter la profession de la jeune femme. Il se frappa mentalement quand il prit conscience de sa bêtise. Il afficha son plus beau sourire avant de se reprendre, tout en étant très gêner.

"Après, je ne veux pas dire que votre branche est moins intéressante que la vôtre. Je ne me le permettrais pas. Rien que dans l'océan qui entoure cette cité, vous allez avoir de quoi faire. Dernièrement, j'ai même entendu dire qu'il avait trouvé une nouvelle espèce qui tourne aux abords de la jetée est. Vous devriez allez y faire un petit tour. Après, vos collègues vont surement vous en parler."

**- Vas-y rattrape toi comme tu peux, boulet !**

Il essaya tant bien que mal de rattraper sa boulette d'auparavant tout en espérant qu'elle ne l'est pas trop mal pris.

« Et bien, si jamais, nous referons connaissances dans quelques jours. C'est curieux, vous n'avez pas un tête à vous appeler Dory pourtant. » Le taquina-t-elle en riant, même si elle n'était pas sure qu'il comprendrait la référence au scalaire bleu à la mémoire défaillante du "monde de Némo".

Elle sourit en le suivant des yeux lorsqu'il quitta sa table pour venir s'installer à la sienne, et posa son crayon pour entamer une conversation des plus banales, bien qu'agréable. Mais, comme souvent dans ce genre d'environnement où la limite entre le travail et la vie quotidienne était plus que flou, la conversation ne tarda pas à tourner à nouveau autour de leurs spécialités respectives.

La jeune femme ne put retenir un petit rire, lorsqu'il s'étonna qu'on puisse se spécialiser dans la biologie autre qu'humaine, mais surtout par la façon dont il tenta de se rattraper, craignant probablement d'avoir froissé la jeune femme en donnant l'impression de critiquer le choix de sa spécialisation. Elle le laissa tenter de se rattraper sans intervenir, notamment pour profiter du charmant sourire qu'il lui offrait en guise de compensation, avant d'avoir pitié. Si elle le laissait continuer à ramer comme ça, il allait attaquer la falaise.

« Et bien, j'imagine qu'on peut dire que je suis tombée dedans quand j'étais petite. » Répondit-elle. « Mon père était Océanographe, ma mère artiste peintre, et sa principale source d'inspiration était la mer, les fonds marin et la vie aquatique. Alors, ma fois, quand j'étais en vacances, il nous prenait avec lui pour certaines de ses missions. Et même avant ça, comme nous vivions au bord de la mer, il continuait son travail au fond du jardin, et moi, je le suivais. Je crois que j'ai su nager avant même de savoir marcher, j'ai appris à plonger avant même de savoir lire correctement. Et mes premiers pas, je les ai fait dans un amphi de l'Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer où il était maître de conférence. » expliqua-t-elle avant de prendre une gorgée de son café « Du coup, je crois que mes études étaient toutes choisies avant même que j'ai fini ma première année de maternelle. »

Elle lui lança un petit regard espiègle, le gratifiant de petit sourire taquin.

« Et puis nos spécialités ne sont pas différentes finalement. Il arrive même qu'elle se croise, que certaines de nos découvertes se retrouve dans les traitements utilisés pour les humains. Je suppose que vous suivit les recherches concernant la production de sang universel à partir d'un petit vers marin extrêmement courant sur les plages bretonnes. » rétorqua-t-elle en pensant *Et toc*

Plus il repensait à ce qu'il avait oser dire à la jeune femme, plus Duncan se trouvait con, il ne fallait pas mâcher ces mots. Il avait honte de ses dires mais apparemment, la jeune femme ne le prit pas trop mal. Elle semblait presque amuser de le voir autant galérer pour se rattraper. C'est alors qu'elle se mit à lui expliquer pourquoi elle était tombée dans cette voie là et vu son explication, il comprenait mieux. Elle était bercée par ça depuis sa plus tendre enfance. Cela pouvait laissé des marques ; la preuve, elle en avait fait son métier. Il finit par rire légèrement quand elle évoqua le fait qu'elle connaissait déjà sa destinée alors qu'elle n'était qu'en maternelle.

"Votre carrière était déjà toute tracé en effet. Je comprends aussi mieux votre dessin de tout à l'heure. Votre mère a dû aussi déteindre sur vous. Mes parents ont plus passé leur temps à me sacraliser car j'avais un QI plus élevé et à m'envoyer en pension qu'autre chose. Mais je le vis bien. Ça ne m'a pas empêcher de bien réussir. Je me suis fait tout seul comme un grand. La seule chose de bien qu'il ai fait, c'est me payer le voyage pour venir aux États Unis pour suivre mes études."

Il préféra passer sous silence le restant de sa vie. Cela faisait un long moment qu'il n'avait plus eut de nouvelles de ces parents. Après tout, il avait préféré couper les ponts au début de ces hautes études. Il n'avait même pas prit la peine de les inviter à sa remise des diplômes. Comme quoi il avait la rancune mauvaise. Mais peu importe, ses mauvaises souvenirs s'évaporèrent quand Déa lui envoya un léger en sa direction avant de reprendre sa discussion.

« Et puis nos spécialités ne sont pas différentes finalement. Il arrive même qu'elle se croise, que certaines de nos découvertes se retrouve dans les traitements utilisés pour les humains. Je suppose que vous suivit les recherches concernant la production de sang universel à partir d'un petit vers marin extrêmement courant sur les plages bretonnes. »

Duncan fut stupéfait. Elle avait raison, leurs deux spécialités étaient liées. La biologiste venait de le scotcher sur place en lui parlant de ce genre de recherches. Duncan regrettait le temps où il passait son temps, le nez plongé dans les magazines scientifiques au fin fond de la bibliothèque universitaire. Maintenant, les magazines arrivaient moins vite car il y avait des années lumières qui le séparait de la première bibliothèque.

"Vous m'avez bluffé. J'avoue que je n'y vais pas spécialement penser. Mais il est vrai que c'est une grande avancée. A voir si on pourra pérenniser cette découverte dans le temps. J'avoue, que je pense plus sur l'ADN des peuples de Pégase. Vous ne pouvez pas imaginer ce que je peux découvrir tous les jours."

A vrai dire, il ne pouvait pas trop en dire plus pour le moment. C'était pas top secret défense mais presque. Peut-être que dans le temps, il aurait le droit de dévoiler ses découvertes ou tout du moins, en parler à quelqu'un pour qu'il se sente moins seul.

"En tout cas, si vous voulez passer par mon labo, vous serez la bienvenue. C'est moins agréable qu'ici mais j'ai toujours du café dans un coin."

Outre les mots qu'il prononça, Déa ressentit une certaine douleur dans le ton de son confrère. Elle eut de la peine pour lui, et en même temps, elle l'envia. Elle, le manque de ses proches, de ses parents lui était pesant, elle imaginait que pour lui, les choses avaient peut-être plus simples.

Elle avait eu la chance de naître dans une famille bienveillante, ou la science côtoyait l'imaginaire au quotidien, et qui était très ouverte d'esprit. Elle avait toujours un peu tendance à oublier que ce n'était pas une règle. Elle aurait voulu pouvoir trouver des mots pour soulager la tristesse latente qu'elle ressentait chez Duncan, mais elle savait d'expérience que ça n'aurait servit à rien, et que pire, ça aurait pu être mal interprété.

« Comme l'a chanté un de mes chanteurs favori, « on choisit ses amis, mais pas sa famille ». L'important, c'est qu'au final, vous ayez trouvé votre voie." Elle rit, et planta son regard de sous-bois dans les yeux du jeune homme « On peut avoir fait des études supérieures, avoir un doctorat ou deux, et citer un chanteur populaire. » Répondit-elle en riant.

Visiblement, elle avait mis dans le mille avec son exemple. Elle dût se mordre les lèvres pour ne pas rire devant la réaction de son interlocuteur et sa réplique.

« Ce n'est en aucun cas une critique, mais, depuis que je me suis lancé dans des études scientifiques, je me suis rendu compte que d'avoir un esprit imaginatif pouvait être un atout... » Répondit-elle en lui offrant un sourire. « Ce n'est pas forcément bien vu d'avoir un esprit rêveur dans ce milieu et pourtant... Ça permet de sortir du cadre, d'envisager des possibilités auxquelles les esprits purement cartésiens ne penserait même pas. »

Elle rit, et but une gorgée de son café avant de reprendre.

« Je pense que si on est ici aujourd'hui, ce n'est pas grâce aux doyens des facultés d'astronomie et de physique. Mais à des « rêveurs » il fallait au moins ça pour imaginer qu'un cercle de pierre puisse être une porte vers d'autres mondes. » expliqua-t-elle

Elle baissa les yeux, se passionnant soudain pour quelques traits de son croquis, regrettant de lui avoir livré une pensée aussi libre et « hors des clous ». Pourtant, elle le savait que ce genre de réflexion était rarement bien accepté par les esprits cartésiens tel que le sien.

La jeune femme releva les yeux lorsqu'il lui parla des recherches qu'il menait sur l'ADN des autochtones et des découvertes qu'il faisait. Elle sourit un peu en le voyant se troubler. Elle sourit un peu en le voyant se troubler, comme s'il regrettait d'en avoir trop dit avant de changer de sujet et de lui proposer de passer le voir dans son labo. Décidément, il ne pensait vraiment qu'au travail.

« Ma fois, j'en serai ravie. Et je suis sure que votre café est meilleur que celui d'ici » répondit-elle « Et quand vous ne travaillez pas, vous lisez des revue scientifiques pour vous détendre ? » Le taquina-t-elle.

Déa avait raison. C’était grâce à tous ces professeurs mais aussi personnes qu’ils avaient rencontré tout au long de leurs études, qui leur avaient ouverts les yeux sur un autre monde possible. La science était un monde terre à terre avec des choses concrètes mais elle permettait parfois de s’évader et d’imaginer des choses.

« J’avoue que pour arriver où nous en sommes aujourd’hui, il faut être un minimum rêveur et un peu fou, on ne va pas se mentir. Car s’engager dans une péripétie pareille où on ne sait pas trop où nous allons, il faut être motivé par une certaine envie de découverte et d’aventures. Je ne pensais pas qu’en publiant des articles à droite et à gauche, cela aurait fini par intéresser quelqu’un et que je finirais par me retrouver à des milliers d’années lumières de chez moi. »

Il est vrai qu’il avait été fou de se lancer dans une histoire pareille mais désormais, il ne regrettait pas d’avoir fait le déplacer. Il ne regrettait qu’une seule chose : c’était de ne pas avoir dit oui plus vite pour partir. Son travail au SGC lui plaisait bien et explorer une nouvelle galaxie était quelque peu effrayant à ses yeux. Mais il avait fini par prendre son courage à deux mains et à sauter le pas.

Sautant d’un sujet à un autre, Duncan vint à l’invita à venir boire autre chose que ce pipi de chat dans son labo. Il pourrait peut-être lui faire découvrir les quelques petites choses qu’il avait trouvé depuis son arrière sur la cité.

« Ce n'est pas compliqué de faire un meilleur café que servit ici. J'ai mon petit stock personnel que j'ai ramené lors de mon dernier voyage sur Terre. Il n'y a que le cappuccino qui est à peu près buvable ici, » dit-il en terminant le fond de son gobelet.

C’est alors que la jeune femme en face de lui, se posa la question s’il passait son temps libre, le nez dans les magazines scientifiques. Cela lui fit esquisser un sourire.

« Je les lisais quand j'étais encore à l'université. Ça m'a un peu passé avec le temps et c'est plus compliqué de se les procurer et les faire venir, avec le temps d'attente... Donc je préfère m'exercer à la musique. J'ai étudié le violon et le piano en était gosse. C'est à peu près la seule chose qui puisse me détente. Le piano étant un peu trop lourd à emmener, j'ai pu tout de même prit mon violon. Je peux en jouer uniquement quand mon voisin de quartier n'est pas là car il déteste ça. La dernière fois, il est rentré dans mes quartiers comme si de rien n'était, un magazine à la main comme pour m'en mettre une pour que j’arrête."

Ce bon vieux Dr Lin. Il était très gentil, très bon dans son domaine mais très mauvais voisin. Duncan avait arrêté de compter le nombre de fois où il l’avait entendu tape contre leur mur mitoyen pour que le biologiste arrête sa musique.

« Et vous, à part le dessin bien sûr, vous faites quoi pour vous détendre ? »

Elle ne put retenir un petit sourire quand il lui confirma qu'il lisait des revue scientifique pour se détendre, regrettant de ne pas pouvoir les recevoir plus rapidement depuis qu'il était sur la cité, mais arqua un sourcil surprit en l'entendant parler de musique. Elle ne s'était pas imaginé que cet homme passionné par son boulot puisse être musicien. Violoniste qui plus est.

« C'est sûr que le piano, ça aurait été plus difficile à faire rentrer dans la valise » le taquina-t-elle, avant de d'ajouter « J'adorerai vous entendre jouer. J'ai toujours beaucoup aimé le violon. J'avais même essayé d'apprendre, mais avec mes déplacements réguliers, je n'ai jamais pu être assez assidue pour apprivoiser un instrument aussi exigeant. »

Le hasard avait mal fait les choses pour le coup. Elle aurait adoré avoir un voisin jouant du violon le soir, contrairement au voisin de Duncan. Elle pouffa en imaginant la scène du voisin entrant chez Duncan avec un magasine en guise de « tapette à mouche ».

« J'aurais bien aimé être à la place de votre voisin. Ça aurait été plus sympa de vous entendre jouer du violon que d'entendre les bruits étranges qui s'échappent des quartiers du mien. » répondit-elle

Visiblement, son voisin de gauche semblait avoir un goût prononcé pour la musique métal hardcore. Qu'il écoutait à un niveau sonore qui laissait penser à la jeune femme qu'il devait avoir des problèmes d'audition, ou tout au moins qu'il en aurait bientôt. Heureusement, il n'était pas souvent présent, il devait avoir des horaires décalés par rapport aux siens, ce qui était heureux.

« Ici, pour le moment, pas grand chose malheureusement. » soupira-t-elle. « Sur terre, je nageais beaucoup, je faisais de la plongée et beaucoup de randonnés dans les montagnes autour de chez moi, à pied ou à cheval. » Elle soupira un peu « J'avoue que certains jours ça me manque. Il y a bien la piscine, mais on en a vite fait le tour. »

Elle haussa les épaules d'un air désabusé.

« Alors, ici, je m'en tiens au dessin. Mais au moins, ça m'a permis de faire connaissance avec Noah et Evan... Enfin, je veux dire Le Dr Masen et le Major Lorne. Nous avons pour projet de créer un club d'art. Si ça vous dis de vous joindre à nous, vous serez le bienvenu. »

Duncan ne pouvait s’empêcher de rire intérieurement en repassant à son pauvre voisin qui avait décidé de commettre un meurtre avec son magazine à la main. Il ne lui manquait plus que la robe de chambre et les charentaises pour compléter sa tenue. Mais rien que sa tête avait valu le détour. Le biologiste s’en voulait de ne pas avoir eu un appareil photo sous la main pour immortaliser ce moment. Ce cliché aurait rapidement fait le tour de la cité.

C’est alors que la biologiste vint à s’intéresser du passe-temps de son confrère. C’était bien la première fois qu’il tombait sur quelqu’un que la musique intéressait et plus particulièrement le violon, sans qu’on veuille le frapper pour qu’il arrête. Plus d’une personne trouvait que cet instrument agressait leurs petites oreilles soyeuses donc autant profité quand une personne apprécie ce que vous faites.

« Si vous le souhaitez, je peux vous inviter à un concert privé un de ces soirs. Je choisirai un soir où mon adore voisin travail pour ne pas le déranger et surtout que lui nous ne dérange pas. Au moins, ça vous changera des bruits "étranges" qui vous entendez dans le vôtre, au moins pour une soirée.»

Le biologiste ne préférait pas savoir de quels bruits étranges Déa parlait. Il s’imaginait assez de choses étranges dans sa petite tête, donc autant de pas en rajouter. Tout en jouant son gobelet vide, il écouta la jeune femme parler de son passe-temps depuis qu’elle avait mis les pieds sur la cité. Il pouvait comprendre que ses loisirs avaient grandement changé et il fallait faire avec. La piscine était une bonne alternative mais sur du long terme, il y avait de quoi tourner en rond.

« Il y a une plage sympa sur le continent où l’on peut se baigner mais personnellement, si je ne sais pas ce qu’il y a sous mes pieds, je préfère m’abstenir. Quand on aura découvert ce qu’il y a sous la surface de l’eau, peut-être que j’irais y plonger mes orteils. »

Des nouvelles espèces avaient été découvertes au fur et à mesure des années mais il restait beaucoup de choses à découvrir et il était sûr que la faune et la flore aquatique de cette planète allait beaucoup plaire à la biologiste. Peut-être qu’elle serait un peu plus téméraire que lui pour aller y tremper plus que les orteils.

« C’est très gentil comme invitation mais je vais la refuser. Je vais vous montrer pourquoi. Vous permettez ? »

Duncan se saisit du calepin de la jeune femme et prit bien soin de ne pas abîmer son dessin en cours en tournant la page de celui-ci. Devant une nouvelle page blanche, il prit un stylo qu’il avait dans une de ces poches et fit le plus beau bonhomme bâton qu’il n’avait fait de sa vie avant de retourner le carnet devant les yeux de Déa.

« Voilà pourquoi je ne serais pas le meilleur des membres de votre club. Je suis resté au stade la maternelle dans mes dessins. Après, rien ne m’empêchera de venir vous rendre visite quand vous aurez vos réunions. »

Le visage de Duncan s'éclaira quand elle lui dit qu'elle aimerait beaucoup l'entendre jouer, visiblement, il n'avait pas l'habitude que son art soit apprécié. Elle se demanda si c'était finalement une bonne idée. Peut être que si son voisin détestait tant ça, c'était plus à cause des dons du musiciens que de l'instrument lui-même. Le violon était un instrument particulièrement exigent, et autant la musiqu pouvait être sublime, autant, entre des mains maladroites, son crin-crin pouvait être insupportable.

Ceci étant dit, il avait dit en jouer depuis son enfance, et de ce qu'il lui avait confiée de cette période, elle ne doutait pas qu'il ait eu de très bons professeurs. Il devait donc avoir une expérience plus que convenable.

Quoi qu'il en soit, elle ne s'attendait pas à ce qu'il la convie à un concert privé dans ses quartiers. Surtout un soir. L'espace d'un instant, elle se demanda si ce serait une bonne idée. Les gens ne risquait-il pas de jaser si la toute nouvelle biologiste arrivée depuis peu sur la cité était aperçue entrant dans les quartiers privés d'un de ses collègues un soir ? Mais après tout, que lui importait ce que les gens pourraient bien penser d'elle. Dans une communauté aussi petite, forcément à un moment ou à un autre elle ferait l'objet de rumeurs et de ragots, c'était dans la nature humaine et dans l'ordre des choses.

Elle rit du ton qu'il employa pour dire que ça la changerait des bruits étranges qu'elle entendait dans le quartier de son voisin. Visiblement, il semblait se méprendre sur la nature des bruits étranges qu'elle entendait dans les quartiers de son voisin.

« J'en serai ravie ! » répondit-elle avec un sourire. « Effectivement, un peu de délicatesse et d'harmonie me changera de la musique de sauvage à plein volume qui s'échappe de chez mon cher voisin. »

La conversation dériva vers la plage sur le continent et elle ne put s'empêcher de rire en l'entendant lui expliquer pourquoi il préférait ne pas s'y baigner. Même sur terre, elle connaissait des gens qui comme lui ne supportait pas de se baigner en eau libre pour cette raison. Et elle devait bien reconnaître qu'effectivement, dans certains endroit du monde, savoir ce qu'il y avait sous la surface pouvait être inquiétant.

« Vous risquez d'attendre longtemps alors. Je vous rappelle que même sur terre, on découvre encore de nouvelles choses quasiment tout les jours sous la surface des vagues. » Elle lui sourit, fini à son tour son café avant de reprendre « Si ça vous rassure, je vous tiendrez par la main, et je prêterai un de mes masques et tuba pour que puissiez voir ce qu'il y a sous vos pied. »

Elle le taquinait, elle savait bien que ce genre d'appréhension ne se contrôle pas et que la forcer n'était pas forcément une bonne idée. Mais, sa proposition n'en restait pas moins sérieuse, si le cœur en disait à son collègue.

La conversation s'orienta sur un autre des loisirs de la jeune femme, et elle lui abandonna son calepin quand il le lui demanda. Elle le regarda tracer un magnifique bonhomme bâton en riant. Elle était sure qu'il en rajoutait un peu, qu'il aurait été capable de faire mieux.

« Vous y serait le bienvenu. Je suis sure que les garçons seront ravis de partager une bière avec vous à défaut de leurs pinceaux. » répondit-elle en riant, puis, désignant son œuvre du doigt elle ajouta d'un ton moqueur « J'espère que vous aurez la gentillesse de me dédicacer votre chef-d’œuvre. »

Elle jeta un coup d'oeil à sa montre avant d'offrir un petit sourire désolée à Duncan.

J'avais pas vu qu'il était aussi tard. Il faut que j'y aille. expliqua-t-elle en attrapant son calepin avant de se lever. A bientôt j'espère.conclut-elle avec un clin d'oeil.

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